Au milieu de l’hiver, j’ai découvert en moi un invincible été », Albert Camus (1954).
On n’apprend vraiment à se connaître que quand on affronte les épreuves.
Soleil à travers la vigne, un matin d'été sur la terrasse
La douleur est une affaire intime, personne ne vous donne le mode d’emploi.
Laurent Gounelle
Le jour où j’ai appris à vivre
Un soleil radieux inonde le jardin. C’est l’été.
Je ne suis pas allée travailler ce matin.
Ce devait être une banale cholécystectomie mais comme rien n’est jamais simple, la cœlioscopie prévue s’est transformée en laparotomie. Voila posé la base de mon itinéraire et mes élucubrations post cholécystectomie. C’est toujours aussi compliqué entre ce que je sais, ce que je ne sais pas et ce que je devrais savoir. Mon corps s’exprime.
Tout a commencé par une petite douleur coté droit sous les cotes, comme une déchirure musculaire, douleur intercostale. Un peu inquiète tout de même, au bout de 3 semaines consultation chez un gastro, échographie : cholécystite !
Consultations chirurgicale et décision d’opérer. Attention mon ventre est multi opéré, la coelio est-elle bien indiquée ? On dit que les patients connaissent bien leur pathologie mais là je suis juste une patiente (qui sait rien) une patiente/IDE (qui ne sait rien non plus). En fait les patients ne savent rien !
Et puis on ne sait jamais si la coelio fonctionne, c’est tout bénéfice, hospitalisation plus courte, cicatrice plus petite… et c’est une voie d’abord tellement plus simple et banale… On tente, avec possible conversion en laparotomie ! La confiance est réciproque…
Je préviens, je ne veux pas de sonde gastrique (SNG)…comme une prémonition.
Le jour dit, entrée dans le service, prête pour l’intervention, fraichement « bétadinée », propre, sans vernis, sans bijou, lentilles ôtées. Sans peur, sans crainte, rassurée. Mon Amoureux auprès de moi. L’IDE m’explique un peu, je suis IDE, on ne s’étale pas … Hydroxyzine pour détendre, bloc opératoire, salle d’intervention. J’ai un peu froid… masque, dodo !
3h30 après : sonde gastrique dans le nez, pompe à Morphine, ah super, je peux appuyer tant que je veux, enfin la douleur prise en charge ! Je n’ai pas mal…
Le chirurgien explique : coelio compliquée, impossible, brèche dans le duodénum. Je pleure.
4 jours et 4 nuits de sonde gastrique pour soulager la suture duodénale, sonde urinaire pour le confort, drain pour évacuer bile et sang. Et chaque mouvement de tête me rappelle que la SNG est là : hauts le cœur, nausées. Trouver la position de tête la plus confortable possible.
La moindre des prudences n’aurait-elle pas été de passer en laparo ?
En colère ? Non !
A quoi bon, on ne refait pas l’histoire.
Mon Amoureux passe 3 fois par jour, il me tient la main, il me console et m’aide à passer ce cap.
http://bulleforum.net/creations-akito-t4047.html
Puis vient la fin de la torture, exit la sonde urinaire, exit la SNG
Déperfusée, passage per os (enfin un relai antalgique un peu léger donc retour des douleurs abdo), ablation du drain, régime épargne digestive, journée plutôt calme, au repos dans une chambre baignée par les rayons du soleil.
Massages bien-être des soignants empathiques, douceur des gestes, douceur du temps, tendresse de Mon Amoureux.
Enfin, sortie at home, ordo, mon canapé, mon lit.
Le meilleur moment est celui où on vous dit que tout va bien malgré la complication chirurgicale.
Convalescence : quelques douleurs abdominales, quelques difficultés à digérer, une allergie au fil résorbable, parage de plaie… 5 semaines après j’y suis encore…
Si tout était simple cela se saurait !
L'actualité dramatique de ces derniers jours permettent de relativiser.
En colère ?
Non !
La Vie est là et une étoile veille, elle est toujours au-dessus de ma tête.