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PRIX GONCOURT 2023
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Résumé
On est dans la région d’Alba en 1916. Né pauvre, Michelangelo Vitaliani dit Mimo, né en France, est confié en apprentissage à un sculpteur de pierre italien sans envergure et sans scrupule. Mais il a du génie entre les mains et des doigts d’or. Héritière d'une famille prestigieuse, Viola Orsini a passé son enfance à l'ombre d'un palais génois. Mais elle a trop d'ambition pour se résigner à la place qu'on lui assigne. Une amitié va naitre entre ces deux protagonistes. Une de ses amitiés improbable mais vraie, des jumeaux cosmiques… Ils vont se protéger, ils vont se nourrir l’un de l’autre, se comprendre... jusqu’au séisme !
Jean Baptiste Andréa in https://www.lepoint.fr/societe/jean-baptiste-andrea-remporte-le-prix-goncourt-pour-veiller-sur-elle-07-11-2023-2542254_23.php
Mon avis
Dans ce 4ème roman, Jean Baptiste Andrea rend un hommage vibrant à l’Italie et aux arts, notamment la sculpture et la peinture. Il nous fait voyager de Gênes à Rome en passant par Florence, nous conte l’histoire de l’Italie, les luttes de pouvoir. Ancré dans le contexte historique de l’Italie de la première moitié du XXème siècle, pays bouleversé par la montée du fascisme, ce roman est juste magnifique de poésie. Porté par un souffle épique et un vocabulaire de qualité, recherché, le texte nous porte et nous emporte sous la haute surveillance du Vatican. L’écriture de l’auteur est lumineuse, délicate, tout fait sens. Quand l'auteur parle de la campagne de Pietra d'Alba, on a envie de s'y transporter. Quand il parle de sculpture, on a envie d’aller visiter un musée et de voir cette œuvre "la Pietà Vitaliani" sur laquelle Mimo veillera jusqu’à la fin de sa vie….
Une lecture enchanteresse pour un roman lumineux, poétique parfois cruel et extraordinairement bien écrit !
Extraits
– C’est absurde, de toute façon. Pourquoi craindre les morts ?
– Euh… parce qu’ils sont morts ?
– Tu crois que ce sont les morts qui font les guerres ? Qui s’embusquent au bord des chemins ? Qui te viole et te volent ? Les morts sont nos amis. Tu ferais mieux d’avoir peur des vivants. Page 86
Non, Mimo. Je voulais te montrer qu’il n’y a pas de limites. Pas de haut ni de bas. Pas de grand ou de petit. Toute frontière est une invention. Qui comprend ça dérange forcément ceux qui inventent, ces frontières, et encore plus ceux qui y croient, c’est-à-dire à peu près toit le monde. Page 185
Tramontane, sirocco, libeccio, ponant et mistral.
J’avais eu le malheur de dire « il y a de vent ». Viola m’avait donné un coup dans l’épaule, exaspérée.
Les mots ont un sens, Mimo. Nommer, c’est comprendre. « Il y a du vent », ça ne veut rien dire. Est-ce un vent qui tue, ? Un vent qui ensemence ? Un vent qui gèle les plants sur pieds ou les réchauffe ? Et quel genre de députée ferais-je si les mots n’avaient pas de sens ? Je ne serais pas différente des autres. page 532
Écoute moi bien. Sculpter, c’est très simple. C’est juste enlever des couches d’histoires, d’anecdotes, celles qui sont inutiles, jusqu’à atteindre l’histoire qui nous concerne tous, toi et moi et cette ville et le pays entier, l’histoire qu’on ne peut plus réduire sans l’endommager. Et c’est là qu’il faut arrêter de frapper. Tu comprends ? page 574
Livre en cours de lecture…
IMPOSSIBLE de Erri De Luca