Ce qui va sans dire va mieux en le disant : il n'existe pas de mode d'emploi.
Résumé
Comment aborder ce dernier opus d’Amélie Nothomb sans connaitre le mot psychopompe ? Vous le découvrirez en allant vous promener travers ce conte, cette biographie, ces réflexions….
Je l’ai déjà écrit à plusieurs reprises, lire le dernier Amélie Nothomb est à chaque fois un réel plaisir. J’aime beaucoup sa plume que je trouve incroyable. Je pense avoir lu tous ses ouvrages. Ils ne sont pas tous égaux mais j’aime son style d’écriture donc je ne voulais pas rater cette nouvelle possibilité de m'envoler. Et ce n’est pas peu dire car il s’agit là d’une autobiographie, celle d’une petite fille, amoureuse des oiseaux, qu’un groupe d’hommes viole lors d’un banal bain de mer au Bangladesh, d’une longue période d’anorexie puis du retour à la vie. Les oiseaux, ce lien entre elle et le monde, lui montrent la voie vers sa guérison…
Mon avis
Psychopompe est certainement le livre le plus profond, le plus intense et probablement le plus intimiste d’Amélie Nothomb. J’ai adoré la construction du récit avec le conte japonais du début du récit, l’ornithologie et cet oiseau au nom incroyable d’Engoulement oreillard qui va servir de fil rouge et pour finir l’écriture comme exutoire. L’auteure emporte le lecteur dans ses voyages, dans ses souffrances, dans ses questionnements avec beaucoup de gravité mais également un peu d’humour. L’écriture est riche, parfois déroutante et, comme dans tous ses livres, on trouve ses mots fétiches Pneu et Champagne et d’autre plus rares comme cubicule, fluviatile ou encore anthume. J’enfonce une porte ouverte en disant qu’Amelie Nothomb maitrise parfaitement la langue française. Et malgré les nombreuses digressions qui perdent un peu le lecteur, j’ai beaucoup aimé ce livre et surtout la fin consacrée à son travail d’écriture et à la mort dans lequel elle revient sur Soif et Premier sang.
Psychopompe est donc un récit chargé d’histoire, de l’histoire de l’auteure au travers de sa passion pour les oiseaux et la mythologie assure qu'elle n’a pas dit son dernier mot…
Extraits
Qu’est-ce que voler sinon s’adonner à l’ivresse du vide ? page 8
Quelque chose s’éteignit en moi. On ne me vit plus dans aucune eau.
[…] La violence des mains de la mer avait arraché la coquille, je n’étais plus l’œuf que j’avais été. Oisillon dépourvu de plumes, il me faudrait accéder au statut d’oiseau. Cela serait monstrueusement difficile. page 80
Le privilège absolu, c’est d’écrire. Il n’y a pas de grâce plus élevée. La publication est parfois un plus, souvent une détérioration du plaisir initial. L’obtenir au prix d’un effort considérable, d’une angoisse maladive, d’une douloureuse obsession n’y change rien. page 112
Avis à tous ceux qui croient que les paroles ont inutiles quand on se sait aimé. Oui, nous nous savions aimé l’un de l’autre. Il n’empêche, quelle ivresse de le dire et de l’entendre ! page 145
La grande mission d'un oiseau consiste à approfondir son pouvoir psychopompe. J'en suis encore au stade du bricolage. Je n'ai pas dit mon dernier mot.
Livre en cours de lecture….
Seuls les fantômes de Cyrille Falisse