Résumé
C’est le premier roman que je lis de Akira Mizubayashi, romancier japonais.
1945, Ken, violoncelliste virtuose, est appelé sous les drapeaux pour partir à la guerre. Il va laisser à son amoureuse, Hortense, luthière, ce qu'il a de plus précieux…
2016, une jeune luthière Parisienne, Pamina, va réparer ce même violoncelle et en le démontant, elle découvre une lettre cachée à l'intérieur. Elle va alors remonter l'histoire de ce violoncelle et de ses anciens propriétaires.
In terra pax hominibus bonae voluntatis. Dona nobis pacem.
Paix sur terre aux hommes de bonne volonté. Donne-nous la paix.
Mon avis
Suite comme celle de Bach. Inoubliable comme la découverte d’une lettre de 1945, lors de détablage du violoncelle Gofriller de 1712 présentant une fracture d’âme.
Akira Mizubayashi nous présente l’histoire d’un violoncelle de 1712 et de sa copie de 1945 qui oscille entre deux périodes et deux pays : le Japon de 1945 et Paris en 2016. Il s’agit là d’un curieux roman qu’on peut qualifier de poétique et reposant, construit en 6 chapitres comme les 6 mouvements des Suites de Bach. Il n’est pas facile de s’y retrouver à la première lecture car des allers-retours géographiques, entre la France et le Japon, et des allers-retours historiques, de la seconde guerre mondiale à notre époque, perdent un peu le lecteur. Puis, après une deuxième lecture rapide, l'intrigue se révèle et s’avère intéressante et émouvante. Les personnages sont attachants, tendres, pétris de bons sentiments. L’écriture est belle, fluide et apaisante. Un régal !
Il est difficile de passer à côté de la passion de l'auteur pour la musique et, en particulier de Bach, avec toutes les œuvres qu’il évoque. La lecture de ce roman sensible prend une autre dimension lorsqu'en bande-son, on écoute la Suite de Bach ou le concerto d’Elgar, pour violoncelle bien sûr.
Ce roman séduit, envoute. C’est une très belle découverte en ce début d’année, pour une béotienne du violoncelle comme moi.
J'ai décidé de m'installer dans la langue française pour vivre autrement, pour avoir une vision de la société et de la manière d'être avec autrui, différente de celle qui m'est imposée par la langue japonaise. Akira Mizubayashi
Extraits
En qualité de lauréat du Concours international de Lausanne, en plus d’une somme d’argent conséquente, Ken se vit accorder le privilège de se servir, pendant les sept années à venir, d’un violoncelle d’une très grande valeur, fabriqué en 1712 par le luthier vénitien Matteo Goffriller. Au siège de la Fondation, Ken signa un document de plusieurs pages sur le prêt de l’instrument du XVIIIe siècle selon lequel il devait le restituer avant juin 1946 au plus tard. page 39
En le gravant en latin que presque personne ne comprend dans ce pays, vous pouviez échapper à l’interrogatoire musclé des militaires. Des mots de résistance en latin ! Avec ces mots, vous avez silencieusement manifeste votre volonté d’opposition au fanatisme militaire qui ronge le pays comme un cancer généralisé. page 166
Livre en cours de lecture….
PSYCHOPOMPE de Amelie Nothomb