Cette lecture se passerait bien de commentaires tellement les éloges sont légion mais j'ai cette habitude de partager mon avis sur mes lectures...
Pour rappel: L’amie prodigieuse et Le nouveau nom sont les deux premiers opus de cette saga napolitaine. Celle qui fuit et celle qui reste (ou l’Amie prodigieuse III) est le 3eme tome traduit merveilleusement de l’italien par Elsa Damien.
Comment être une femme dans une Italie dominée par des valeurs patriarcales ?
Comment écrire, créer, vivre en tant que femme dans une société construite par et pour les hommes ?
Les deux amies, Elena Greco et Lila Cerullo, tentent chacune à leur manière d'exister à ce dilemme en se libérant petit à petit des règles qui pèsent sur la condition féminine de l’Italie profonde.
Les années filent. Nous voici dans les années 60/70, alors que Lila (Elena) se retrouve au cœur de conflits sociaux dans l’usine où elle travaille, Lénu (Lina) prépare son mariage avec Pietro, un gentil garçon de bonne famille. Mais, qu'elle soit ouvrière comme Lila, ou diplômée comme Elena, une femme est mariée et "Mamma" avant tout... Tout semble opposer les deux héroïnes, leur position sociale, leur relation à la maternité ou encore leur relation à l'amour. Il existe toujours un lien très fort entre elles, lien toutefois ambivalent, à la fois bienfaiteur et destructeur.
Une amitié rare et complexe !
Mon avis
Celle qui fuit, celle qui reste est le 3eme tome de l’Amie prodigieuse. J’ai aimé les deux premiers tomes, celui là, j’ai vraiment adoré. Il est incroyablement bien écrit, incroyablement bien documenté et se caractérise pas son ampleur historique et son épaisseur sociologique ancrées dans l’Italie des années 1970.
C’est juste complètement lumineux et addictif !
Extraits
Le ciel semblait peint de tons pastel et il n’y avait pas l’ombre d’un nuage, mais la lumière de fin d’après-midi commençait à faiblir et un vent fort soufflait dans l’air violet. p 170
Je languissais dans mon lit, frustrée par ma condition de mère de famille et de femme mariée ; tout avenir me semblait prisonnier de la répétition des rites domestiques, que ce soit dans la cuisine ou dans le lit conjugal, et ce jusqu’à la mort. p 405
Devnir. Ce verbe m'avait toujours obsédée, mais c'est en cette circonstance que je m'en rendais compte pour la première fois. Je voulais devenir, même sans savoir quoi. Et j'étais devenue, Ca c'était certain, mais sans objet déterminé, sans vraie passion, sans ambition précise. J'avais voulu devenir quelque chose - voilà le fond de l'affaire- seulement parce que je craignais que Lilas devienne Dieu sait quoi en me laissant sur le carreau. Pour moi, devenir, c'était devenir dans son sillage. Or je devais recommencer à devenir mais pour moi, en tant qu'adulte, en dehors d'elle. p 448
On a fait un pacte quand nous étions petites : la méchante, c’est moi.