Prix Nobel de littérature 2022
Résumé
La Place est le premier livre que je lis d’Annie Ernaux. Je n’avais pas entendu parlé d’elle avant son extraordinaire prix Nobel de littérature.
Publié en 1983, La Place a reçu le Prix Renaudot l’année suivante. Tout commence par le décès de son père alors qu’Annie Ernaux est reçue au Capes de Lettres Modernes. Elle dresse alors le portrait de celui-ci. Né dans une famille normande très modeste, il devient ouvrier, puis tenancier, avec son épouse, d’un café – épicerie.
Annie Ernaux continue sa scolarité et s’éloigne du milieu familial. Elle entre petit à petit dans une bourgeoisie intellectuelle. le père et la fille n’auront alors plus grand chose à se dire.
Mon avis
J’ai beaucoup aimé ce livre. J’ai aimé l’écriture, le recul de d’Annie Ernaux et son véritable talent pour décrire des situations complexes de manière simple, avec une économie de mots. On peut être gêné par ce recul à la limite de la froideur, par cette écriture qu’on pourrait interpréter comme un manque d’affection mais je n’ai pas ressenti cela. Pour moi c’est une description touchante de la relation père-fille et de cet éloignement incontournable lorsque Annie part faire ses études.
Peut être que La Place traduit le regret de l’auteure d’être passée à côté d’une relation père-fille… en tout cas, pour moi c’est un hommage à cet homme…
39 ans après sa parution, ce livre m’a replongé dans le contexte dans lequel j’ai évolué, mon enfance, ma relation avec mon père. J’ai aimé cette écriture, froide et simple, facile à lire.
La Place, c’est celle qu’on a dans la vie, dans la famille, dans la société, c’est également celle qu’on se fait…
Je ne regrette pas d’être entrée dans l’œuvre d’Annie Ernaux avec ce livre au ton détaché mais d’une très belle écriture !
Extraits
Il avait appris la condition essentielle pour ne pas reproduire la misère des parents : ne pas s’oublier dans une femme. page 38
Les salles de bain, signe de richesse commençaient à se reprendre après la guerre, ma mère a fait installer un cabinet de toilette à l’étage, il ne s’en est jamais servi, continuant à se débarbouiller dans la cuisine. page 69
Il reconnaissait les oiseaux à leur chant et regardait la ciel chaque soir pour savoir quel temps il ferait, froid et sec s’il était rouge, pluie et vent quand la lune était dans l’eau, c’est à dire immergée dans les nuages. page 67
Annie Ernaux écrit, depuis 50 ans, le roman de la mémoire collective et intime de notre pays. Sa voix est celle de la liberté des femmes et des oubliés du siècle. Elle rejoint par ce sacre le grand cercle de Nobel de notre littérature française.