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PRIX ANDRE MALRAUX 2020
dans la catégorie Fiction engagée
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L’ennui est un gaspillage que j’ignore.
Résumé
Une randonnée en montagne, un homme accusé de meurtre. Face à lui, un juge d’instruction l’interroge pour tenter de lui faire avouer qu’il a bien poussé dans le vide un homme lors d’une randonnée en montagne… Est-ce une coïncidence ou un règlement de comptes ?
Mon avis
Ce livre d’Erri de Luca raconte les interrogatoires par un jeune juge d'instruction, d'un homme placé en garde à vue et soupçonné de meurtre. L’auteur met en scène les grands thèmes tels que la justice, la liberté, le combat politique, la trahison, l'amour et la montagne…Et voilà un tête à tête passionnant, riche, argumente mais finalement Impossible !
La forme choisie du procès-verbal avec sa mise en page sténodactylographiée très aride serait d'une monotonie mortelle s'il n'y avait, pour respirer, ces lettres écrites par le suspect, lettres d’une grande chaleur, très touchantes, adressées à la femme aimée appelée "ammoremio", écrites depuis la prison, dont la typographie en italiques joue en contraste avec l'aridité de l'interrogatoire.
Erri de Luca nous offre ici un roman/pladoyer intelligent, bien écrit avec un style sobre, concis, percutant et sans fioriture. Il nous fait réfléchir sur nos propres valeurs et notre place dans le monde.
Une lecture qui s’impose aux amateurs de joutes verbales et de grands sujets de vie.
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Extraits
C'est comme en montagne, toutes les expressions me plaisent, même la pluie, la saucée prise en grimpant qui ne refroidit pas le corps et n'a pas besoin d'abri.
Aussi ai-je décidé que ma définition du mot "amour" était ; "toi". page 27
Je vais en montagne parce que c’est là-haut qu’est arrivé le bord de la terre. Sa frontière avec le ciel et l’univers se trouve là-haut, et alors en grimpant je peux aller jusqu’au point où il n’y a plus rien à escalader. Je suis la terre jusqu’à l’endroit où elle s’est élevée et continue encore à s’élever. Car les montagnes grandissent. page 28
Je ne gagne pas. Il n’y avait rien à gagner. Il fallait se mettre à la hauteur de l’épreuve. Un proverbe oriental dit : quand les eaux montent, la barque doit en faire autant.
En montagne, le verbe « gagner », « conquérir », n’existe pas. Ce qui existe c’est l’égalisation entre ses propres forces et la difficulté de l’escalade. page 144
Livre en cours de lecture…
OKAVANGO de Karyl Ferey