Il n'y a pas de vérité irréfutable, il n'y a que des certitudes. Lorsque l'une s'avère être infondée, on s'en forge une autre et on s'y verrouille contre vents et marées.
Dans la vie, jusqu’à maintenant, j’ai eu beaucoup de chance. Bien sûr, tout n’a pas toujours été calme et tranquille mais j’ai rencontré, et je rencontre toujours, des gens intéressants, des gens avec qui j’aime partager, des gens avec qui la vie est facile. Et même si dans le lot, il y a un nombre certain d’imbéciles, cela reste supportable.
Parmi les événements de ma vie qui m’ont fait avancer, il y a le cancer…. saloperie de crabe qui envahit les tissus et laisse des cicatrices indélébiles physiquement et psychologiquement.
Il s’est invité sans que j’y prenne gare il y a 33 ans ; puis s’est immiscé doucement dans ma vie tous les 10 ans environ, j’en ai 57 donc vous pouvez calculer : 4 fois. Je l’ai viré à chaque fois, arguant le fait que c’était lui ou moi…. ce serait forcement lui ! J’ai très envie de voir vieillir mes enfants !http://s-imaginer-sans.over-blog.com/article-ma-vie-avec-les-crabes-104764762.html
Et puis je l’ai croisé chez les autres, parfois ces autres ont eu moins de chance, moins de possibilités physiques ou psychiques…. Il fait être armé pour vaincre ! J’ai accompagné comme j’ai pu, avec mes mots, avec ma sensibilité, épouse, compagne, enfants…
Et bien aujourd’hui, j’ai une pensée émue pour les psychiatres, psychologues et plus généralement pour toutes celles et ceux qui au quotidien, font de leur métier une véritable devoir de venir en aide aux personnes en perte de vitesse. Ils m’ont aidée, boostée, encouragée et permis de sortir de ces périodes de marasme et de grand désarroi… Qu’il me soit donné de répondre à une de mes lectrices qui me demandait, en mars 2013, de faire un post sur les psychologues http://s-imaginer-sans.over-blog.com/article-the-chirurgien-116475657.html
Je veux lui dire ici deux choses :
La première est le témoignage de mon admiration. Les professionnels que j’ai rencontrés ont permis que je passe ces parenthèses sans trop de dégâts : Retrouver une image corporelle à peu prés correcte, parler des casseroles que je traine depuis ma petite enfance, évacuer le stress de la maladie, la peur de la mort et j’en passe…
La seconde est un message d’espoir à tous ceux qui traversent la maladie. Seuls, abandonnés, vous êtes au fond du trou, et bien, pensez à toutes celles et ceux qui vous soulagent, qui vous écoute et vous permettent d’avancer pas à pas, semaine après semaine. Croyez-moi, j’en sais quelque chose… Cela se passe souvent très simplement. Vous entrez dans le cabinet, vous vous asseyez et vous découvrez que le praticien fait tout pour que vous ne repartiez pas sans réponse à vos interrogations et vous dit : "oui, je vois surtout que vous êtes fatiguée et, oui, vous avez le droit de pleurer, vous avez le droit de vous révolter contre la vie qui n’est pas toujours juste… »
Semaines après semaines, vous vous battez, vous reprenez le boulot parce qu’il faut bien bosser, vous faites bonne figure devant les amis, les collègues, la famille (la méthode Couet, parfois ca marche), vous passez un à un tous les contrôles : 1 mois, 3 mois, 6 mois, 1 an…
Et puis un jour, contre vents et marées, on vous annonce que tout va bien, que les bilans sont bons, que vous êtes en rémission…. vous vous sentez, alors, comme un athlète, absolument Vainqueur !
Je ne suis pas sortie indemne de toutes ces épreuves. J’ai été comme un bateau ivre sans gouvernail à surfer sur les vagues de la Vie. Maintenant le bateau a un capitaine, il tient le cap et ne laisse personne décider du chemin à suivre.
Ce billet, pas facile à écrire, peut se révéler difficile à lire pour certains, je propose donc de partager quelques minutes de gaité et d'émotion.
Likke Li (I Follow Rivers); La vie d'Adèle