J’ai lu avec intérêt l’article de Diana M Raab, psychologue, sur Sexualité et cancer du sein et cela m’a donné l’envie d’écrire et de partager mon expérience… d’autant que je suis en stand by pour lymphangite du bras…
En France, selon les données de l’INCA de juin 2014, 48000 nouveau cas de cancer du sein. Le taux de mortalité de ces cancers est de près de 15%. Le taux de survie à 5 ans est de 89%.
Il y a 34 ans, j'ai appris que j'avais un cancer du sein, cancer de type infiltrant (carcinome canalaire). Loin de moi l’idée d’avoir un cancer du sein, j’avais 24 ans, un enfant, aucun antécédent… Ce cancer a été diagnostiqué à temps, le pronostic était très moyen à l’époque même si les ganglions lymphatiques n’était pas affectés. Mais, en plus d’une cicatrice péri-aréolaire complètement invisible, 2 ans de chimio, j’ai eu droit à un énorme délabrement sous axillaire pour enlever tous, je dis bien tous les ganglions susceptibles d’être atteints. A l’époque c’était plutôt radical, on ne parlait pas de ganglion sentinelle !
En 2011, lors de la surveillance annuelle, bingo, 2ème cancer du sein, CCIS celui là, traduisez carcinome canalaire in situ. Aucun risque puisque très localisé dans les canaux galactophores du sein. Mais, cohorte de chiffres et épidémiologie obligent, la solution proposée a été mastectomie. Loin de moi l’idée d’avoir un autre cancer du sein, 4 enfants, une vie de couple et une vie professionnelle épanouissantes.
Ils ne m’ont laissé que le choix de la reconstruction : oui ou non. J'ai choisi oui...
Opération et reconstruction abouties si ce n’est que je souffre d’un lymphoedème du bras, pénible et invalidant qui me rappelle en permanence le cancer. Une autre séquelle concerne non seulement la cicatrice en travers du sein reconstruit mais aussi cette masse dure sous la peau peau (prothèse qui ne ressemble en rien à une prothèse esthétique).
Mon mari est compréhensif, il sait que je suis la même qu’avant avec des balafres en plus. Il ne se lasse pas de me répéter que je suis belle et que je devrais mettre en valeur cette poitrine refaite. Mais les caresses ne me font plus rien, j’ai perdu toutes sensation physique de cette zone.
Bien entendu je suis contente d’être toujours en vie mais l’adaptation aux changements physiques et psychologique est difficile. J’apprends tous les jours à profiter de l’instant présent, j’essaye de laisser venir les choses avec sérénité.
Deux ans après la mastectomie, les examens ont mis en évidence un sarcome, probablement radio induit, sous la prothèse. Il a été enlevé et 15 mois après l’intervention chirurgicale, je n'ai pas eu besoin d'être traitée et il se peut que je n'en aie jamais besoin.
Les cicatrices sur le sein s’estompent, j’ai recommencé à mettre ma poitrine au soleil et j'ai repris une vie normale mais les blessures émotionnelles et physiques liées à ce cancer ne s'effaceront jamais. Quand je m’habille le matin et que j’ai du mal à enfiler la manche du corsage, cela me rappelle en permanence les épreuves traversées. Quand une amie ou quelqu'un de la famille traverse une épreuve similaire, on me sollicite ce qui ravive les souvenirs.
Les cicatrices psychologiques mettent du temps à guérir, plus longtemps que les cicatrices physiques. Il est impossible de faire comme si le passé n'existait pas et il est impossible d’ignorer ce qui m’a amené là où je suis. Le présent est marqué par les expériences passées et heureusement … et je suis persuadée qu’il est possible de surmonter les épreuves et de les dépasser même si cela semble insurmontable sur le moment.
Pour en savoir dvantage sur moi : mon intime sein