Sophie, en bonne poétesse du haïkus, à entendu l'été lui murmurer à l'oreille qu'il faut savourer chaque jour le juteux coulis de la vie. Vincent Hoarau
Sophie Hoarau confie avec ce recueil des petits moments de son quotidien. Costumière et couturière (on aurait pu le deviner avec le titre), l’auteure livre à travers 5 chapitres ses impressions du monde, de l’instant. Elle faufile, surfile les mots, les lignes, les chapitres. Ses haïkus sont tout en douceur ou cruels, poétiques ou factuels, parfois moqueurs comme des senryus.
sentier escarpé
l’odeur des chèvrefeuilles
nous prend par la main
***
petit matin
les rangs de perles égarés
de la rosée
***
les coups pleuvent
encore
la lune est grosse
***
à peine plus grosse
que les cailloux du chemin
une taupe morte
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gracile, délicate
sur la chaise
la mésange chie
***
slip kangourou
l’étoffe des héros fatigués
baille aux entournures
Mais ce qui m’a le plus interpelée dans cette jolie histoire du temps présent c’est le vélux et le regard de l’auteure porte sur celui-ci qui semble prégnant dans son univers. On imagine Sophie Hoarau au milieu d’étoffes, de fils, d’épingles, d’aiguilles s’évader par le vélux pour coudre ses haikus et donner de la lumière à ce quotidien parfois si triste et cruel.
vélux
l’aube
aux yeux bleus
***
vélux
la lune signe son carré
de fleurs de poiriers
***
vélux
la lune parfaitement
ronde
***
givre
ce matin le vélux
ne partage pas
***
vélux
le soleil
monte le ton
***
vélux
un voile fermé
dehors
Alors avec des illustrations de Denis Colin, une très jolie préface de Vincent Hoarau, ce recueil offre une bulle d’ailleurs, un moment d’évasion dans le monde de Sophie.