L’affaire des morts par piqure de recluse fait du bruit : est-ce la cousine de la recluse devenue agressive, le dérèglement climatique, une erreur d'appréciation ? Mais qui est cette recluse et qui se cache derrière ces meurtres ? Les hypothèses vont bon train et cette petite psychose donne un prétexte à Adamsberg pour enquêter sans être mandaté par sa hiérarchie. Il va entrainer son équipe (et être entraîné) dans une histoire sombre, loin dans le passé, et dans les ténèbres de l’esprit humain, du mal dont il est capable et de la souffrance qu’il peut infliger.
Quand sort la recluse est une histoire de meurtre, d’araignées, de vengeance, de recluses... Et le bouquet final : un délice !
Il y a des lieux, comme cela, qui accompagne un voyage. Le voyage s'achève et ce lieu s'en va avec lui.
Mon avis
Je l’attendais avec impatience ; je n’ai pas été déçue ! Adamsberg est revenu, et Fred Vargas aussi. Je le tiens, je le savoure, je prends mon temps pour le lire, pour découvrir ce grand cru haletant et alambiqué à souhait !
Et bien, j'ai aimé, beaucoup aimé ! Fred Vargas connaît la puissance des mots et des noms. Elle a réussi à me tenir en haleine jusqu’au bout avec ce polar fort. J’ai adoré la voltige lexicale et la tendresse d’écriture, la psychologie particulièrement fouillée de tous les protagonistes. Adamsberg et ses proto-pensées va conduire son équipe comme un Magellan à la conquête du détroit décisif. Mais va-t-il éviter l’étoc et savoir dénicher le véritable coupable dans cette histoire tordue à souhait ? Cette même équipe, intelligente, fidèle, très attachante, va se mobiliser pour aider leur chef et aussi pour nourrir une famille de merles dans la cour du commissariat ou le chat couché sur la photocopieuse en panne... toute la finesse d'écriture de Fred Vargas.
C'est vraiment un très bon Vargas, à lire sans modération !
Extraits
Cette photocopieuse n'était plus en fonction, sauf urgence, puisqu'elle servait de lit pour l'animal. Mais on la laissait branchée afin que son capot restât tiède. p 242
Raphael n'était pas Jean Baptiste. Mais il avait un don que ne possédait nul autre : il était capable de se mettre à la place de son frère, de se glisser dans sa peau jusqu'au bout de ses ongles, réalisant une presque incarnation, tout en conservant ses pleines capacités d'observation. p 280
Adamsberg n'avait pas l'intention de livrer pour l'instant la bulle gazeuse - la "proto-pensée" que même le Dr Martin-Pécheray avait estimée "vacillante" - qui lui faisait supposer que, pour avoir choisi l'infinie difficulté de venin de recluse, il fallait avoir étét recluse soi -même. p 333
Adamsberg prenait conscience que ce n'était pas une seule "proto-pensée" qui embrouillait son esprit mais toute une bande de bulles gazeuses - et bien sûr que cela existait -, dont certaines si petites qu'on pouvait à peine les discerner. p. 406