La liste de mes envies est le premier livre que j’ai lu de Grégoire Delacourt. C’était en 2012, que le temps passe… un incontournable de poésie d’une incroyable efficacité. C’est donc avec plaisir que j’ai ouvert La femme qui ne vieillissait pas, un joli conte pas tout à fait de fée…
Bien sur, on petit déjeune, moi avec mes rides, lui avec sa fraicheur mais c’est comme ça…
Résumé
Cette femme qui ne vieillit pas, c'est Martine alias Betty, mais elle préfère Betty. Avant que le temps s'arrête et n'ait plus de prise sur ses traits, il y a l'enfance auprès de son père, revenu amputé d’un jambe de la guerre d'Algérie et de sa mère, "sa princesse". Puis arrive l’adolescence, les années où étudiante, elle rencontre l'homme de sa vie, André. Elle traverse alors l’époque de la maternité et livre son quotidien de jeune femme aimée, aimante, amicale. Le temps semble s’arrêter, elle n’est pas confrontée aux affres de la vieillesse car pour elle, le temps ne laisse aucune trace sur son joli visage. Et l'histoire continue, les années passent ...
Mon avis
A travers son récit, Grégoire Delacourt nous parle de la vieillesse (ou l’éternelle jeunesse) et la difficile acceptation des années qui passent. Il nous parle aussi de ce que nous mettons en place pour atténuer ou éviter les stigmates de l’âge, ces petites rides d’expressions. Temps qui passe et traces laissées sur le visage et le corps, sauf chez Betty qui garde un visage sans ride sans qu'on puisse expliquer pourquoi, un conte je vous dis !
Tout comme dans son premier livre, l’auteur parle des femmes de façon magistrale, de ses émotions, de ses peurs, de ses interrogations. Ses mots sont à l'image de sa bienveillance, à la fois forts et empreints de tendresse. Finalement je me suis sentie assez proche de Betty intellectuellement bien sûr !
La plume est toujours aussi élégante. Et, j’ai adoré la répartition des chapitres, courts et efficaces. C'est une jolie fiction, une belle découverte et un vrai coup de cœur.
Véritable invitation à accepter son image dans le miroir, lisez ce Delacourt sans hésiter si vous aimez la beauté des mots et du texte.
Extraits
On peut avoir dix pères, on n’a jamais qu’une mère, et lorsqu’elle part on est amputé d’une chose pour laquelle il n’existe aucune prothèse. P 44
Je voulais vieillir auprès d’un homme bon, patient, et puis un jour être grand-mère, devenir ces deux petits vieux que l’on croise parfois dans un parc, sur un banc, qui se tiennent la main et dont les beautés ont déteint l’une sur l’autre … p 57
Les hommes, il leur faut des impasses, nous il nous faut de l’amour. p 79
Vieillir est douloureux et féroce. C’est laisser s’enfuir, sans que l’on puisse rien y faire, la suavité de la peau, son grain laiteux, c’est la voir se tacher, se détendre et pendre ; c’est laisser s’envoler les regards d’avant qui venaient se poser sur nous au hasard d’une promenade, ces regards gourmands, affamés souvent, qui nous font nous sentir belles, et savoureuses, et dont l’insistance, la vulgarité parfois, sont des louanges. p 119
Tu es comme un rivage duquel je m’éloigne et qui me rappelle sans cesse que je vais mourir. p 156