Résumé
L’incontournable de la rentrée littéraire c’est le nouveau Nothomb, et bien entendu, je n’ai pas hésité une seconde pour l’acheter. Il était dans la PAL de ma petite semaine de vacances !
Mais d’abord, est ce que vous connaissez le mot épicène ?
Et bien, il se dit d’un nom, d’un pronom ou d’un adjectif qui ne varie pas selon le genre, ils ont la même forme au masculin et au féminin (adulte, acrobate, difficile, stupide ainsi que les prénoms dits mixte comme Claude, Camille, Dominique…).
Cette parenthèse faite, Amélie Nothomb, inspirée d'Epicoene de Ben Jonson, raconte avec sa verve habituelle, la relation compliquée d’un père, Claude, animé par la vengeance, avec sa fille, qui va tout tenter pour se protéger et qui se nomme bien entendu, Épicène.
Epicoene ou a silent woman, Ben Jonson (1609) in https://fr.wikipedia.org/wiki/Epicoene_or_The_Silent_Woman
Mon avis
J’aime Amélie Nothomb, le personnage, l’écrivain, la femme, son style, sa verve, sa façon de toucher le lecteur. Ses livres m’ont tous, plus ou moins, intéressée, touchée et je ne me lasse pas de son talent de conteuse. Donc, chaque année j’attends avec impatience de retrouver cette inimitable auteure, son vocabulaire et sa cocasserie. Jamais un mot de trop, jamais une digression.
Comme dans tous ses livres, Amélie Nothomb exploite les relations complexes entre un père toxique, une mère insignifiante et leur fille qui, tel le cœlacanthe, s’éteint en attendant des jours meilleurs. Elle fait la part belle aux femmes, que ce soit Dominique, Reine ou Épicène. Elle développe également de façon caricaturale tous les clichés des provinciaux qui veulent faite une carrière parisienne : le 5 de Chanel, habiter rive gauche, fréquenter les milieux branchés.
Dans cet opus, on retrouve les mots qui émaillent chacun de ses livres : champagne (p95) et pneus (p117).
L’écriture est fluide, subtile, facile à lire malgré la dureté des caractères et des propos. On commence la lecture et on ne la quitte plus avide de connaître l’épilogue.
C’est pour moi un très bon roman, ou plutôt une très bonne fable avec une fin que je trouve savoureuse. Aussi je ne peux qu’inciter à découvrir, redécouvrir, vous réconcilier, continuer à admirer Amélie Nothomb.
Bref un régal !
To crave. Et bien, c'était le verbe de ma vie et je ne le connaissais pas. J'en ai pourtant sacrément exploré le sens.
Extraits
Il lui faisait l’amour chaque soir. Ce n’était pas le verbe qu’elle employait dans sa tête, tant cette activité lui était devenue pénible ; il n’était question que de l’engrosser, elle le savait bien. p 37
Je ne suis pas une bourgeoise voyons. Les bourgeoises tu les reconnais facilement : elles portent un serre-tête, des vêtements moches et chers et elles empêchent les voisins de recopier sur elle. p 66
Je l’ai choisie parce qu’elle était assez belle pour jouer les femmes du monde et assez complexée pour que j’en fasse ce que je voulais. p 121