Résumé
Rentrée littéraire, La grande librairie, il n’en fallait pas plus pour que je me procure ce premier livre d’Adeline Dieudonné. L’auteure est dramaturge et nouvelliste belge.
Ils habitent dans un pavillon ordinaire d’une banlieue ordinaire, 4 chambres, une pour elle, 10 ans ( la narratrice), une pour Gilles, six ans, le petit frère, une pour les parents et une pour les cadavres ( le père est chasseur de gros gibiers). La vie suit son cours entre une mère insignifiante, un père violent, jusqu’au jour où un accident vient faire déraper le présent. La fillette n’aura de cesse de vouloir modifier le cours de l’histoire, tout annuler et revenir en arrière, en conservant l’espoir, telle une guerrière, que tout s’arrange un jour.
Avec l'âge, moi aussi, je finirais par rouiller comme une vieille clôture.
Mon avis
L’auteure raconte comment cette gamine pleine d’énergie va essayer de sauver son frère. Alors comment dire, on plonge dans ce conte à deux pieds, on voyage avec la narratrice (écriture à la premiere personne du singulier) d'abord petite fille puis adolescente, et sa volonté de revenir en arrière pour que cet événement terrifiant ne ce soit jamais passé. Retour vers le futur, vous connaissez, la DeLorean, l'orage, l’éclair. On y est ! Elle va avec Marie Curie comme modèle tenter d’inventer non pas un outil mais de l’espoir, l’espoir d’une vie meilleure avec comme adage le fait que l’effet ne peut pas précéder la cause…
C’est drôle, tendre, acide et cruel à la fois parce que bien sûr revenir en arrière est juste impossible, y compris pour des grands scientifiques comme Stephen Hawking (p163). Beaucoup d’atouts dans ce premier livre, une écriture fantastique, des mots inconnus (smoutebollen p 122, ou encore Boumboulé p 24), des personnages caricaturaux, intéressants et entiers, des situations rocambolesques, des sujets contemprains comme la violence faite aux femmes, de l’humour mais aussi de la poésie et de la tendresse, une façon d’écrire qui tient en haleine et cette incroyable gamine surdouée qui ne perd jamais confiance.
J’ai adoré la comparaison entre Le roi Lion de Disney et Hamlet (p 139), il fallait oser, la troublante explication de ce qu’est l’orgasme (p 165), il fallait oser également !
En deux mots il s'agit d'une histoire familiale, triste et gaie, bien écrite, qui raconte finalement la vraie vie, la survie, histoire addictive dès les premières pages.
À lire sans se priver pour un très agréable moment de lecture !
Extraits
Et, il était toujours en colère, une colère bien installée qui avait fait son nid dans les noeuds de ses cheveux. p 71
Que la vie s'est une grande soupe dans un mixer au milieu de laquelle il faut essayer de ne pas finir déchiqueté par les lames qui vous attirent vers le fond. p 89
Le voyage dans le temps, c'est comme l'immortalité, c'est un fantasme compréhensible, mais il faut apprendre à accepter l'inacceptable. p 164
Du côté de ma mère, il n'y avait plus que ma grand-mère, malade et vieille. On allait la visiter une fois par an dans une maison de retraite qui sentait l'ennui, le renoncement et le beurre rance. p 225