Résumé
Darry Kid Zak, alias Darius Zaken, a quatre-vingt-dix ans. Soutenu par sa femme, Dinah, il va donner son dernier concert. Sur lui, il porte toujours le petit poisson d’argent que lui avait donné sa mère, « puisque à cause d’elle il avait failli ne pas être, et que sans elle jamais il n’aurait été ». Né à Tunis, Darius est le fils unique d’un libraire tunisien et d’une mère juive d’origine italienne. La ville, sous contrôle des français est en effervescence. Les arabes détestent les juifs qui commercent avec les français.
De l’attaque mortelle contre son père, sous l’œil indifférent des militaires, Darius gardera des séquelles physiques et psychologiques. Il restera boiteux et muet. Stella, sa mère rêve pour lui de grandes études mais l’adolescent veut s’exprimer par la musique.
De belles rencontres le poussent sur le chemin de sa passion, la musique. Mais pour Darius le choix entre le respect à sa mère et la vie par le jazz est cornélien. Jusqu’où est-on prêt à aller pour se fondre dans les attentes des autres, pour ne pas les décevoir ?
La hara de Tunis (in http://www.webdo.tn/2016/07/18/hara-de-tunis-40-photos-de-collection-de-bernard-allali/)
Mon avis
A travers la musique, le jazz et les musiciens de l’époque Où bat le cœur du monde nous parle de dépassement de soi, de passion, de persévérance, de choix difficiles. C’est également un roman sur le pouvoir fabuleux de la musique et en particulier du jazz, à travers les grands noms qui lui ont donné corps. Ainsi on croise Duke Ellington, Charlie Parker, Billie Holiday, Miles Davis. Philippe Hayat offre de beaux portraits de personnages.
Il s’agit du 2eme roman de Philipe Hayat qui propose ici un texte émouvant, bien écrit, aux accords merveilleux entre les personnages. Il est extrêmement bien documenté, de l’invasion le l’Italie pendant la deuxième guerre mondiale, à la vie difficile des musiciens de jazz dans les bas-fonds de New- York. L’auteur qui réalise la performance de caler son personnage de fiction dans des faits réels et au milieu de personnages ayant existé, aborde des thèmes difficiles de la guerre, la ségrégation, les choix de vie, la différence et l’attachement à la famille. Et en plus on voyage !
Mais hélas, dans cette histoire d’une vie de 1934 à 1954, je n’ai pas eu le déclic attendu. Je suis restée un peu la route, Darius ne m’ayant pas touchée autant que je l’espérais. Quand à la musique, de nombreux passages m’ont finalement ennuyée car pour moi il n’a qu’une façon d’aimer la musique : c’est avec les oreilles !
Roman au demeurant pas déplaisant
Extraits
Il était aussi pauvre que tous les juifs de la Hara, il était pauvre même dans sa façon de parler, il mélangeait l’hébreu et l’arabe, le français et l’italien. A la maison, on parlait français, jamais arabe, sauf quand mes parents ne voulaient pas que je comprenne. p 73
De cette petite communauté juive de Tunis, ces mères étaient les soldats. Elles affrontaient la vie avec une volonté implacable, une intuition supérieure à toutes les sciences. Alors, elles pouvaient bien s’affaler sur une chaise, offrir leur corps usé à la lumière de la fin du jour et se payer d’un soupir. p 175
Elle lut encore. Elle cherchait dans cette écriture chérie, ces ratures, ces taches, tout ce que son enfant ne disait pas. Elle finit par connaître ses phrases par cœur. Elle attendrait la lettre suivante, elle ne vivait dés lors que pour le lire. p 319