Après avoir lu et beaucoup aimé Chanson douce de Leila Slimani, j'étais curieuse de connaître le premier roman de la lauréate du Goncourt 2016.
Les hommes vont croire qu’elle est coquine, leste, facile. Les femmes la traiteront de prédatrice, les plus indulgentes diront d’elle qu’elle est fragile. Ils auront tous tort.
Résumé
Adèle s'est mariée avec Richard pour accéder à une certaine respectabilité. Ils ont un enfant, Lucien. Les jardins de l’ogre raconte la double vie de cette jeune femme. Pour son mari, ses amis, ses collègues rien ne la distingue des autres jeunes bourgeoises. Mais en fait, Adèle est sexuellement compulsive. Insatiable, elle multiplie les amants, incapable de résister à ses pulsions même si cela la plonge dans la détresse. Elle trompe son monde en permanence et court inéluctablement à sa chute. Son besoin irrépressible d’amants, n’importe où, n’importe quand, avec n’importe qui, entraîne mensonges et dissimulations, crainte permanente que Richard ne découvre la vérité.
Mon avis
Leila Slimani raconte avec une indéniable finesse la vie gâchée de son héroïne par des pulsions sexuelles, avec la détresse de ne pouvoir y mettre fin. Dans ce premier roman, l’auteure montre la solitude extrême que crée l'addiction sexuelle, maladie prenant ses racines dans l'enfance et impliquant le besoin d'exister à travers le désir des autres. Il devient vital de combler un vide en se remplissant de n'importe quel homme.
J’ai retrouvé le style d’écriture brut et violent, style que j’ai apprécié dans Chanson Douce. Ce premier livre de Leila Slimani a le mérite d'aborder un sujet atypique. Le vocabulaire est bien choisi, parfois très cru sans jamais tomber dans le piège de la vulgarité, du pornographique ou même de l'érotisme. L'auteure a un style d’écriture agréable à lire. On voit bien les grandes étapes, la descente aux enfers, la découverte par les proches, la tentative pour continuer à vivre et passer outre et puis cette fin très ouverte qui permet au lecteur de laisser libre cours à son imagination.
J’ai passé un bon moment de lecture, sans pour autant avoir été captivée par l’intrigue. Il manque quelque chose dans cette histoire aux retours en arrière déroutants qui donnent l'impression d'avoir loupé quelque chose.
Je le recommande à tous ceux qui souhaite découvrir la signature de Leila Slimani.
Extraits
Elle cogne son front contre le mur. Elle veut qu’on la saisisse, qu’on lui brise le crâne contre la vitre. Dès qu’elle ferme les yeux, elle entend les bruits, les soupirs, les hurlements, les coups. Un homme nu qui halète, une femme qui jouit. p. 14
Elle a acheté le téléphone à clapet, qu’elle ne sort jamais de son sac et dont Richard ignore l’existence. Elle s’est procuré un second ordinateur qu’elle cache sous le lit, de son coté, près de la fenêtre. Elle en garde aucune trace, aucune facture, aucune preuve. Elle se méfie des hommes mariés, des sentimentaux, des hystériques, des vieux célibataires, des jeunes romantiques, des amants du net, des amis des amis. p. 103