Avec la permission Maître : mon nom est Solitude.
Résumé
La « mulâtresse » Solitude (née vers 1772 en Guadeloupe et morte en 1802 dans la même île) est une figure historique de la résistance des esclaves noirs de la Guadeloupe.
Son nom de naissance est Rosalie. Sa mère est capturée en Afrique, violée sur le bateau négrier qui l’emmène en Guadeloupe, et tombe enceinte. Esclave, elle met à jour, vers 1772, une petite fille appelée Rosalie. Rosalie sera surnommée « la Mulâtresse » à cause de sa peau claire. Elle va vivre les 8 premières années de sa vie avec sa mère. Cette dernière l’abandonne en s’enfuyant.
Un colon remarqua sa peau et les yeux clairs ; il en fit une domestique, une catégorie supérieure.
Solitude connaîtra l’abolition de l’esclavage et rejoindra la communauté Marronne. Elle se battra aux cotés de Louis Delgrés contre l’esclavage. Condamnée à mort en 1802, elle sera pendue le lendemain de son accouchement.
Grièvement blessée à la tempe, Solitude fut condamnée à mort mais non le fruit de son ventre, qui irait aux propriétaires de droit. Cette sentence passa inaperçue au milieu du flot de sang qui recouvrait la Guadeloupe.
Mon avis
Solitude est l’emblème de la Révolution contre l'esclavage en Guadeloupe, son île d'origine colonisée par la France. (Wikipedia). Elle est parvenue au terme de sa trajectoire à reconquérir sa liberté d'être humain. Elle est parvenue, par son engagement dans la lutte anti-esclavagiste, à se hisser au plus haut des valeurs humaines. C’est au moment de sa mort, que Solitude devient une figure de l’histoire et sort de son anonymat.
La lecture de ce roman a pour moi une saveur particulière, puisque je l'ai acheté lors de mon dernier voyage en Guadeloupe, non loin des champs de cannes à sucre et des plantations de bananes.
André SCHWARZ-BART donne vie à Solitude, cette figure féminine de la résistance et montre l'impact de la révolution française en Guadeloupe à travers la destinée tragique d'une femme née esclave.
Ce récit commence par de la fiction. L’auteur, rescapé lui-même de la barbarie nazie, fait démarrer l'histoire de Solitude en Afrique, parce que tout aurait commencé selon lui en 1750, chez le peuple Diola. Véritable réquisitoire contre l’esclavage, ce livre respecte la vérité historique, la vie des esclaves telle qu'elle peut apparaître dans les documents officiels ou les divers récits de la tradition orale. Le narrateur permet aussi à Rosalie de prendre corps, d'exister comme un véritable personnage de roman. L’esclavage sera aboli dans les Antilles Françaises en 1848.
J'ai beaucoup aimé cette lecture, un texte extrêmement bien écrit, fluide qui raconte la vie d'un des premières «famn doubout ».
Réalisée par Jacky Poulier, sculpteur guadeloupéen, la statue de la Mulâtresse Solitude a été inaugurée le 27 mai 1999
Extraits
Enfants de barrières, de fossés ou de chemins (d’où leur surnom dérisoire de Chimène) et surtout fruits de ces amours de vaisseaux négriers, de cette étrange coutume, la Pariade, qui avait lieu un mois avant l’arrivée au port, jetant soudain les matelots ivres sur les ventres noirs lavés à grandes giclées d’eau de mer. p.50
A peine teintée à la naissance, elle ne s’assombrit véritablement qu'au bout de six semaines. Sur ses reins, dans la coulée du dos, la tâche universelle des métis était à la forme d'une poire, à la dimension d'une pièce de monnaie et elle avait la couleur violette, ardente des fleurs lourdes et penchées de la banane. Avec les jours et les saisons, sa peau devint d'un brun acceptable, une enveloppe souple glissant doucement sur le muscle et qui distillait une sueur à peine moins brillante que sa négresse de mère. p 49