Si je rêve d'une chose, est-ce qu'elle peut devenir vraie ?
Livres reçus dans le cadre du Prix des lecteurs Livre de Poche 2020.
Joseph Knox commence son roman par une citation de Joy Division, groupe de rock emblématique de Manchester, assumant ainsi l’héritage hard rock de cette ville. Tout jeune auteur de 34 ans, Sirènes est son tout premier polar, et c’est celui qui a retenu mon attention ce mois-ci.
Résumé
Aidan Waits, jeune flic, est infiltré dans l’entourage d’un caïd de la drogue, Zain Carver chef de la pègre locale appelée la Franchise. Il est également recruté en souterrain par le député David Rossiter pour retrouver Isabelle, sa fille, qui a fugué. Carver possède un cheptel de "sirènes" chargées de récupérer l'argent du trafic de drogue dans les bars et boites de nuit. Cette adolescente fugueuse vivrait dans l’entourage de Carver et serait même une de ces "sirènes". Waits va essayer de découvrir pourquoi Camille a échoué dans les bas-fonds de Manchester bien loin des siens.
Beetham tower (Manchester) in https://www.deviantart.com/zoozette-abdoh/art/Deansgate-Sunset-529498213
Mon avis
Joseph Knox restitue à merveille l’ambiance angoissante, violente et poisseuse de la vie underground des bas-fonds de Manchester. Dans ce roman noir, très noir, le lecteur n’est pas épargné. On croise des drogues frelatées, des camés, des prostituées, bien sur des bars et boites de nuit glauques, des seringues, des gamins morts par overdose, des dealers et des jeunes femmes fracassées par leur enfance, un joli casting pour ce roman. Je ne suis pas fan de ce genre de roman mais celui-là ne m’a pas laissée indifférente. Les personnages de Aidan et Isabelle sont aussi attachants que complexes, les autres sont également intéressants et meme parfois boulevrasnats. L’écriture est fluide, le vocabulaire intéressant et la construction tient la route. Les descriptions font entrer le lecteur dans l’ambiance humide et glacée de cette ville défavorisée de l’Angleterre.
Hélas, le nombre de personnages m’a souvent fait perdre le fil de l’histoire. On entre et sort de boites de nuit, on déambule dans des couloirs lugubres. Tout cela donne le vertige !
Au final, bien que l’intrigue soit bien ficelée, ce polar est bien trop sombre pour moi.
Extraits
La vérité, c'est qu'elle possédait une beauté cruelle. Quelqu'un dont vous vous souviendriez peut-être sur votre lit de mort, en vous demandant où se cachait votre courage le jour où vous l'aviez rencontrée, et pourquoi il refaisait surface seulement au mauvais moment, pour des gens qui n'en valaient pas la peine. p 71
Je bus une bière pour soulager ma gorge. Les amphètes me donnaient un sentiment d’omnipotence et d’invulnérabilité. J’étais partout, je mettais en branle une centaine d’éléments mouvants. Les gens n’étaient que des choses vues de loin. Les fenêtres éclairées d’une tour, qui ne cillaient pas. p 98