Salim Bellen (1953 - 2007), né au Liban, a vécu à Bogota (Colombie). Après une enfance marquée par la mort de son père et la guerre du Liban, il s'installe en France en 1996 où il s'adonne à sa passion pour la littérature et la poésie. Il quitte la France pour la Colombie après le décès brutal de son frère et de son beau-frère à Bogota. Il découvre le zen et le haiku.
En juin 2006, en voyage à Paris, il offre un exemplaire de Tierra de Nadie à son ami Daniel Py. Cet opus concerne son passage dans une communauté zen à Bogota . Auparavant, en 2004, il lui a offert L'Echelle brisée qui retrace son expérience de la guerre de Liban.
Daniel Py a compilé 54 haikus de L'Echelle brisée et 222 haikus, véritables instantanés de vie, dans un recueil tout en douceur et humilité intitulé Un bâton dans les Andes .
Le haiku a besoin d'une dimension sacrée, d'une verticalité pour sortir du banal
Dans Tierra de Nadie (2013)
Repas en silence
seul le jet d'eau parle
sans discontinuer
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Les fleurs d'acacia
en procession
vers la fourmilière
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D'un vol lent
le héron royal
traverse l'horizon
Dans Un bâton dans les Andes précédé de L'Echelle brisée (2015)
Devant le barrage
contrôle d'identité
un papillon passe
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Pour passer la rue
le ballon rouge
prend la main de l'enfant
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Sur l'etang vert
la poule d'eau
fait les cent pas
Merci à Daniel Py qui m'a fait connaitre ce poète si inspirant.
Le haïku n'est pas seulement vrai par la justesse de l'image. Il l'est avant tout par la justesse de l'émotion, même s'il aura fallu tordre un peu la réalité. L'émotion est plus importante que la description. Une description qui ne véhicule pas une émotion, une surprise, un étonnement, un émerveillement, une douleur, n'est pas un haïku. C'est un rapport de police, un procès-verbal. Rien de plus."
Salim Bellen, "Le singe renifle en décembre"