Toujours à la recherche de nouveaux recueils de haïkus, j’en savoure le contenu et je participe au soutien des petits éditeurs dans ce monde intimiste de la poésie japonisante. Les Extraits ordinaires, de Daniel Birnbaum, préfacés par Daniele Duteil, font partie de ceux-là.
Dans cet opus, au sous-titre évocateur (Si peu pour temps), l’auteur, poète haïjin, confie au travers quatre chapitres ses mots de l’ici et maintenant en évoquant subtilement le temps qui passe.
Il pleut toujours en gris ; nous sommes de passage et la vieillesse fait partie de la vie. Le temps n'est qu'une succession de moments magiques.
Entre un souffle de vie
et un souffle du vent
seul sur son banc
****
elle tricote
ses pensées
dans le sens des aiguilles
****
les nuages dessinent
des visages des lettres
ou des animaux
pour mieux nous préparer
à l’inconstance des choses
Si peu pour guide ; « réveil. Mais pourquoi alors ce « r » alors que dans la langue française le « r » appelle (ou rappelle) une action qui se renouvelle. Or qui veut se ré-veiller ? Il est déjà bien assez pénible d’avoir à le faire une fois tous les matins".
le papillon
on dirait le hasard
prenant son vol
****
j’écris des silences
sur des pages envolées
longtemps disparues
les serments d’hier ne sont
que les mots des vents d’automne
Tout le reste est à faire ; une femme, sa femme, sa compagne, partie…des mots tendres, des haikus et des tankas pour dire l’absence.
vent d’automne
le grand parapluie noir
plus près du ciel
J’aime entendre tes rires
Jusque dans les gouttes d’eau
****
partie
en claquant la porte
le bruit du vide
ComplémenTerre ; dans ce recueil qui fait écho en moi par son atmosphère et ses thèmes, l’auteur transforme en petites pépites, haïkus et tankas qui n’ont vraiment rien d’ordinaires. J’aurais aimé les avoir écrits tous… ces mots émeuvent, surprennent par le sentiment de déjà vécu. Une merveille !
ciel d’automne
la carpe koï
à l’assaut des nuages
****
mai 2020
sous l masque
la plage
****
bien rangés dans la boite à gants
pour la première fois
des gants