J’avais un mot sur le bout de la langue.
Un tout petit mot,
pas plus grand que ça.
Il ne voulait pas que je le dise.
Il avait peur de tomber.
Lassé, j’ai crié « Sors ! »,
grâce à un autre mot, moins couard,
qui était à coté par hasard.
Mais le petit mot resta
sur le bout de ma langue.
Alors, je me suis dit :
D’accord, laissons-le là.
Il faut toujours garder en soi
un mot qui n’obéira pas.
Toujours très inspirée par le petit encart bleu de Télérama "Rimes riches", je partage aujourd'hui ce joli poème de Carl Norac. Poète belge né à Mons en 1960, Carl Norac est le fils d’un écrivain et d’une comédienne. Il a, tour à tour, été professeur de français, bibliothécaire, journaliste et professeur d’histoire littéraire au Conservatoire Royal de Mons. Puis il s’est consacré à littérature de jeunesse en écrivant plus de soixante livres pour enfants. Passionné de voyages, il a également publié une dizaine de recueils et de carnets de voyage.