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Ed. Gallimard, 2018

Ed. Gallimard, 2018

Je suis tombée par hasard sur ce dernier ouvrage de François Cheng en flânant dans le rayon poésie de la médiathèque. Ce recueil regroupe des quatrains, forme poétique qui comme le haïku demande un gros travail « d’émondation, d’épuration » comme le dit l’auteur lui-même dans la Grande Librairie du 23 février 2018.

Lorsque j’ai commencé à lire ces poèmes, j’ai eu une impression de sérénité, d’apaisement, une sorte de bien-être intérieur, et une grande admiration pour ses mots. Non je ne suis pas à l’ouest, je pense qu'il s'agit de bien-etre interieur.

Le sort de la bougie est de brûler.
Quand monte l’ultime volute de fumée,
Elle lance une invite en guise d’adieu :
« Entre deux feux sois celui qui éclaire ! »

page 39

François Cheng, 90 ans, écrivain, poète, calligraphe est d’origine chinoise. Il a été naturalisé français en 1971. Il a publié une quarantaine d'ouvrages et traduit les grands poètes français en chinois. Il est entré à l’Académie Française en 2002. Pour lui, le quatrain est la forme poétique la plus épurée, forme universelle la plus concentrée au contenu complexe. Le quatrain nous dit l’auteur « se relie à une qualité exceptionnelle de la langue française : la concision, la retenue, la condensation, la cristallisation».

Un jour si je me perds en toi,
me rappelleras-tu mon nom ?
Un jour en toi si tu me retrouves,
me révéleras-tu ton nom ?

Page 77

En quatre vers, tout est dit,  la place de l'homme dans la nature et l’univers, les émotions, le sens de cette vie qu'on traverse finalement très vite. Il invite à tenir bon pendant cette traversée dans l'humilité, le respect de l'autre, de la nature.
François Cheng nous propose à chaque page un concentré de vie, plus puissant que le haïku, une forme de dépouillement minimaliste où chaque mot est pesé, chaque vers trituré.

Qui accueille s’enrichit, qui exclut s’appauvrit.
Qui élève s’élève, qui abaisse s’abaisse.
Qui oublie se délie, qui se souvient advient.
Qui vit de mort périt, qui vit de vie sur-vit.

Page 133

Un iris,
et tout le créé justifié ;
Un regard,
et justifié toute la vie.

Page 106

Je vous laisse découvrir toutes les autres merveilles de cet ouvrage, si vous êtes tenté par l'envoûtement des mots d'un poète alliant ses origines chinoises à une connaissance parfaite de la langue française. Je reste, quant à moi, admirative devant ce pur chef d’œuvre où chaque poème est un diamant brut !

A lire et relire pour le plaisir des mots, du sens,  les jours de pluie, les jours de peine, mais aussi les jours lumineux et de joie.

Ne quémande rien. N’attends pas
D’être un jour payé de retour.
Ce que tu donnes trace une voie
Te menant plus loin que tes pas.

Non paginé

Je termine sur ces mots de François Cheng tiré d'un ouvrage précédent De l’âme, sept lettres à une amie publié chez Albin Michel en 2016.

...l’esprit raisonne alors que l’âme résonne, que l’esprit se meut tandis que l’âme s’émeut, que l’esprit communique là où l’âme communie...

In De l'âme, sept lettres à une amie

Tag(s) : #Iri's reading, #Poémes d'ici et d'ailleurs
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