Résumé
Tout d'abord un aveu, même si j'en avais beaucoup entendu parler, je n'avais jamais lu Yasmina Khadra. C'est l’émission La grande librairie et la rentrée littéraire 2018 qui m'ont donné envie de découvrir cet auteur. Et je l'avoue, le thème de son dernier livre m'interpelle vraiment beaucoup à savoir qu'est ce qui pousse les jeunes européens à devenir djihadistes...
Les odieux attentats du vendredi 13 novembre 2015 à Paris resteront longtemps dans les mémoires. Le narrateur, Khalil, faisait partie du groupe des kamikazes du Stade de France, qui devaient transformer la fête en la tragédie qu’on a tous en tête.
Khalil a grandi en Belgique, à Molenbeek, dans le même immeuble que Driss et Rayan, ses meilleurs amis. Alors que Rayan est un jeune homme studieux, Khalil et Driss font face à l'échec scolaire. Après l'attentat, la ceinture de Khalil ne s'étant pas déclenchée, ce dernier appelle Rayan à l'aide, en attendant de prouver à son émir, Lyès, qu'il n'a pas été lâche et qu'il croit plus que jamais à la cause qu'il porte. Tout le roman repose sur cette vexation suprême, avoir été victime d'un matériel defectueux ! De retour à Molenbeek, il replonge dans le milieu qu'il pensait avoir quitté définitivement, sa soeur aînée qu'il méprise, sa jumelle qu'il aime tendrement, Rayan qui ne comprend pas le geste de Driss mort en martyr. Commence alors un véritable questionnement sur ce qui motive ces choix et le sens profond de son acte raté. Comment en est-il arrivé là ?
Nous étions quatre kamikazes; notre mission consistait à transformer la fête au Stade de France en un deuil planétaire
Mon avis
Nous avons tous ces horribles attentats en tête, les images reviennent en boucle dans nos esprits. Yasmina Khadra a osé, dans cet opus, se glisser dans la tête de Khalil, terroriste kamikaze, prenant ainsi le risque de susciter des réactions plus ou moins agréables. Son écriture sereine, ses mots précis et choisis avec intelligence tentent d'expliquer le cheminement de ce jeune homme torturé, à personnalité complexe, qui veut donner du sens à sa vie. C'est vraiment bien écrit, fluide, addictif.
Il en a fallu de l'audace, du courage et de la bienveillance pour aborder ce thème. Et même si certains passages m'ont mis mal à l'aise, et même si je ne suis pas du tout en accord avec les arguments de Khalil, j'ai vraiment beaucoup aimé ce livre dont on ne sort pas indemne.
A lire sans aucune hésitation !
Extrait
Ce qui se passe est l'aboutissement logique d'un processus aussi vieux que l'instinct grégaire : l'exclusion exacerbe les susceptibilités, les susceptibilités provoquent la frustration, la frustration engendre la haine et la haine conduit à la violence. C'est mathématique. p 91
Les grandes causes sont parfois l'aboutissement de vœux pieux ; elles naissent au détour d'une lueur d'espoir, se prolongent dans les gémissements d'un opprimé, s'affermissent dans la promesse d'un jour meilleur. p 238