Petite je voulais devenir Dieu. Très vite, je compris que c’était trop demander et je mis un peu d’eau bénite dans mon vin de messe : je serais Jésus.
Résumé
Ce roman est le dernier cru d’Amélie Nothomb, celui de sa 28eme rentrée littéraire. Je l’attendais bien entendu ! Je les ai tous lu, Stupeur et tremblement est mon préféré et cela reste vrai.
Soif, c’est un monologue intérieur dans lequel l’auteure se glisse dans la peau de Jésus de son procès à sa résurrection. Histoire archi-connue ce n’est donc pas spoiler que de le dire ! Amélie Nothomb prête à Jésus un parler commun et familier et insère des propos philosophiques. Elle ouvre une réflexion sur la condition humaine, sa force, ses faiblesses, l’amour, la mort, la soif… tout commence par cette question « comment la crucifixion pourrait-elle être compatible avec le précepte « Aimez-vous les uns les autres comme Dieu vous aime » ?
Pour éprouver la soif il faut être vivant.
Mon avis
J’ai envie de dire « aussi vite lu aussi vite oublié ».
Amélie Nothomb ose tout, elle bouscule nos certitudes, nos souvenirs et même nos croyances. Dans cet opus, elle donne la voix à Jesus. Idée aussi saugrenue qu’originale !
J'ai aimé l’idée de « Jésus fait homme » qui se raconte en se projetant dans les années à venir. Pourtant une fois refermé, ce livre ne me laissera pas un souvenir impérissable. En effet, le propos ne m'a pas emballé, il a même un peu fini par m'ennuyer et je suis resteeen marge de l’histoire.
J'aime beaucoup le style de l'auteure. L’écriture est superbe, fluide et poétique, le vocabulaire d'exception donne de la profondeur au récit. Pointilleuse ou provocatrice, engagée ou subversive, Mme Nothomb marque assurément le lecteur page après page. Les chapitres sont courts, excitant la soif de connaître la suite parce que, même si je me suis ennuyée, je suis allée jusqu’au bout du livre. Certains passages m’ont mis mal à l’aise car un peu trop fantaisistes.
A mon époque, on apprécie les gens dodus. J’ai renoncé à ce canon, je suis maigre : on ne peut pas affirmer que l’on est venu pour les pauvres et avoir de l’embonpoint. p 55
D’aucun dirait qu’à l’instar de ces plus belles productions, L’hygiène de l’assassin ou Stupeurs et Tremblements, Soif fera date dans la bibliographie de Amélie Nothomb ne serait-ce que par le thème engagé. Je ne sais pas mais je ne peux que le recommander. Faites-vous votre propre opinion, et échangeons. N’est-ce pas aussi cela l’intérêt de la lecture ?
Extraits
Quand on cesse d'avoir faim, cela s'appelle satiété. Quand on cesse d'être fatigué, cela s'appelle repos. Quand on cesse de souffrir, cela s'appelle réconfort. Cesser d'avoir soif ne s'appelle pas.
La langue dans sa sagesse a compris qu'il ne fallait pas créer d'antonyme à la soif. p 51
Le bruit de la pluie exige un toit comme caisse de résonance : être sous ce toit, c’est la meilleure place pour apprécier le concert. Partition délicieuse, subtilement changeante, rhapsodique sans esbroufe, toute pluie tient de la bénédiction. p 65