Livre reçu dans le cadre du Prix des lecteurs Livre de Poche 2020 dont je suis membre du jury.
Résumé
Edith Hind, belle et brillante étudiante de Cambridge, disparait de son domicile, sans aucune affaire mais laissant derrière elle des traces de sang. Son petit ami, Will Carter, inquiet, lance l'alerte. Tous pensent au pire.
La police de Cambridgeshire au Nord de Londres, en la personne de Manon Bradshaw aidée par Harriet et Davy, va mener l’enquête . Très vite, ils vont découvrir qu’Edith avait une vie sentimentale tumultueuse. Les heures sont comptées pour tenter de la retrouver vivante. Les secrets que Bradshaw va mettre à jour ne seront pas sans conséquence sur le déroulement de l’enquête.
Mon avis
Dans ce polar, Susie Steiner, dont c’est le premier roman traduit en français, s'applique à décrire et à mettre en avant les tâtonnements de la police dans une enquête difficile de disparition. L’intrigue est intéressante au départ et j’ai beaucoup aimé la construction polyphonique qui laisse tour à tour la place à 4 protagonistes (Manon, l’enquêtrice, Héléna la meilleure amie d’Edith, Miriam la mère d’Edith, Davy, le collègue de Manon). C’est une manière intelligente et addictive de suivre l'évolution de l’enquête selon les points de vue des principaux protagonistes. On peut ainsi découvrir au fil des chapitres les différentes facettes de chacun et entrer dans leur profil psychologique. L’écriture est tonique et sans fioriture.
Tous les ingrédients sont réunis pour faire de ce livre un bon roman policier : une disparition inquiétante, une enquête minutieuse, des rebondissements, le portrait acide d’une bourgeoisie anglaise, des profils psychologiques affûtés. L’auteure traite les thèmes intéressants tels que la maltraitance, la rupture familiale, la résilience.
Même si le titre dévoile un peu le dénouement, j’ai bien aimé l’intrigue dans laquelle on parle non seulement d’enquête policière mais aussi de relations humaines et de bienveillance. Dommage que la fin soit décevante car j’ai, somme toute, passé un bon moment de lecture.
Extraits
Elle repense au visage terrifié de Lady Hind et prend conscience que, pour les proches d’une personne disparue, la douleur réside justement dans l’absence. Ce n’est ni l’abîme de la mort ni l’espoir, mais la monstrueuse oscillation entre les deux. p.117
J’ai pris conscience que je dérivais vers une vie qui en me ressemblait pas, une vie qui menaçait de détruire tout ce que j’avais bâti, mon travail, ma famille, mon travail. p 488
Le soleil me brûle le visage mais le vent este encore frais et je porte mon gilet le plus chaud. J’ai pris mon exemplaire de Jane Eyre mais je ne lis pas. Je contemple le panorama, sereine pour la première fois depuis cinq semaines sans doute parce que je n’ai pas fait de recherche sur internet, aujourd’hui. p 503