Cinq paires d’yeux regardent fixement devant eux, cinq bouches peintes sourient, bienveillantes. Ou moqueuse.
Mon avis
Dans ce thriller anglais les neurones sont sollicités page après page et je me suis vraiment laissée portée par cette histoire. Vous l'aurez compris, je suis une fois de plus conquise par l’histoire, la plume simple et aiguisée, la construction à deux voix de ce thriller de B. A. Paris (ici). Le thème de la tourmente d’un homme entre son passé et sa vie présente, d’un homme tiraillé entre choix de cœur et choix de raison, est intéressant. Jusqu'aux trois quarts du livre j’ai pensé qu'il était très bon, mais peut-être un peu moins que ce que j’avais envisagé au départ. Puis la tension de départ s’effiloche au fil des pages, avec moins de suspense, davantage de remplissage. On va suivre de multiples pistes entre un Finn pas clair, Ellen pas franche du tout et Layla, manipulatrice mythomane. La fin assez prévisible et m’a laissée sur ma faim. Les chapitres courts, l'alternance entre passé/présent dans la première partie et entre les personnages dans les deux parties suivantes rendent le livre addictif. L'auteure brouille les pistes en envisageant tous les scenarii jusqu'au dénouement final.
Même si les ficelles apparaissent assez rapidement pour les habitués du thriller, B. A. Paris nous offre donc un thriller psychologique addictif qui se lit vite avec des personnages autant intéressants que tourmentés. A noter comme souvent dans les polar anglais, aucune violence, tout est dans la manipulation ! On voyage au gré des pérégrinations de Finn, on se fait balader et on se creuse les méninges jusqu'à la dernière page ! Le suspens monte crescendo et c’est finalement un bon moment de lecture mais sans réel coup de cœur.
Extraits
Ellen et Layla avaient chacune une série de matriochkas, ces poupées gigognes russes, et la plus petite de la série d’Ellen avait disparu un jour. Ellen avait accusé Layla de la lui avoir prise. Layla avait juré que non, et on n’avait jamais retrouvé la petite poupée. p 23
Je ne porte pas vraiment sa bague. Même si parfois, je la sors de sa cachette pour la passer à mon annulaire, en faisant semblant de croire qu’elle est à la bonne taille. Puis l’amertume revient, devant ces douze années perdues. Elle m’accable tellement que j’ai peur de redevenir telle que j’étais avant, un non-être, secret et sans âme. p 178