Avoir le choix, c’est avoir la chance de décider de son sort…
Résumé
Adem Naït-Gacem vit en Algérie dans les années 60 juste après l’indépendance. Instituteur dans un petit village, il est brisé car sa femme vient de le quitter pour un autre. Alors lui aussi va tout abandonner, ses élèves, son quartier, ses amis et sombrer dans l’alcool. Réalisant que ce n’est pas une solution, il entame un voyage initiatique en solitaire et va croiser au cours de son périple des personnages improbables comme Mika, un nain un peu prophète qui n’en peut plus de sa solitude ou Mekki, un handicapé dont la destinée semble maudite.
Mon avis
Quand on regarde la belle couverture du livre (aquarelle d’Amine Ouchene, artiste peintre algérien) on imagine assez bien Adem en Don Quichotte, accompagné de Sancho alias Mika, tout quitter et se battre contre des moulins à vent sur les chemins de l’errance.
Adem n’est pas un personnage sympathique et il m’agace à être à ce point asocial, bourru et même désagréable avec qui veut l’aider. On sent venir le moment où toutes les désillusions de ses rencontres vont devoir laisser la place à autre chose et on espère pour lui quelque chose de meilleur. Son chemin initiatique ne sera pas de tout repos et c’est parfois désespérant.
Un récit de Yasmina Khadra est toujours aussi bien écrit avec une plume qui fait voyager et des mots souvent poétiques. J’ai trouvé la première partie un peu longue, la deuxième est un peu plus intéressante, avec un focus sur une Algérie post indépendance, sur la place des femmes et de l’éducation des enfants de cette époque.
La plume poétique de l'auteur emporte le lecteur. Elle est à la fois douce, fluide et dépouillée. L’auteur propose donc dans cet opus une réflexion sur le sens de la vie et du bonheur : la vie est-elle possible après la rupture ou l’échec ? Mais la résilience et la reconstruction n’est une donnée d’avance, il faut parfois faire beaucoup de chemin pour y arriver et accepter de l’aide.
Pas de regret pour cette belle lecture !
Extraits
J’ignore quel type tu es, si tu te souviendras de moi ou pas. Je ne sais pas pourquoi tu te caches derrière ton ombre, ni qui tu fuis ni ce que tu pourchasse. Ce n’est pas mon problème, c’est le tien. Moi, je crois dans la bonté et dans l’amitié. p 103
Mekki était heureux. Tout lui était enchantement : les poiriers enguirlandés de fruits juteux, les amandiers en fleur, les cerisiers bourdonnant d’abeilles. p 182