Méfie-toi des connaissances. Trop de connaissances tuent la création…
J’ai fait la connaissance artistique de Fabienne Verdier lors d’une exposition au musée Granet d’Aix en Provence en 2019. Je n’ai pas été attirée par ses œuvres grands format ou plutôt je ne les ai pas comprises.
Et, c’est à l’occasion de mon cheminement dans l'écriture du haïku que cette artiste m’a intriguée. Que cherche-t-elle à dire, ou à ne pas dire ?
Cette biographie de Fabienne Verdier raconte ses dix années passées en Chine à la rencontre des lettrés chinois. Elle est une des premières étudiantes françaises à avoir obtenu une bourse pour étudier, au fin fond de la Chine après la Révolution culturelle et y apprendre l’art singulier de la calligraphie, chose difficile lorsqu’on est étranger et femme. Armée de courage et de pugnacité, elle arrivera à convaincre un Maître mais son apprentissage se révélera difficile, tant sur le plan humain que sur le plan de l’apprentissage. Avec ténacité et passion, elle apprend le sichuanais (différent du mandarin), la gravure sur sceaux, la calligraphie puis la peinture au pinceau selon la méthode des anciens. Elle nous raconte avec beaucoup d'humilité la façon dont elle a vécu, au contact de Maitre Huang, pendant ces 10 années, en travaillant jour et nuit dans des conditions d’hygiène redoutables. Elle va être confrontée à la langue, la méfiance, la promiscuité, la misère et la maladie.
Christian, mon ami calligraphe, passionné de peinture chinoise, m’a mise sur la voie du vide et du silence et je l’en remercie. Ce livre qu'il m'a offert se lit comme le parcours de vie d'une femme déterminée à apprendre la calligraphie à travers la culture chinoise. Fabienne Verdier transmet ce qu'elle a appris, découvert, reçu. Une lecture passionnante, riche d'enseignements, magnifique où l'humanité, la simplicité se déploient avec sincérité.
Qu’on soit amateur de culture chinoise, de calligraphie, peu importe, ce livre offre un partage exceptionnel à la rencontre du vide...
Peu à peu, je me suis familiarisée avec cette vie, le compagnonnage du silence et la présence du non-dit. Il devenait nécessaire d'oublier le temps, de s'oublier soi-même ainsi que toutes pensées, opinions et cultures acquises.