Prix Nobel de litterature 2024
Le prix Nobel de littérature 2024 est attribué à la romancière sud-coréenne Han Kang, « pour sa prose poétique intense qui affronte les traumatismes historiques et expose la fragilité de la vie humaine ».
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-midis-de-culture/prix-nobel-de-litterature-qui-sera-le-laureat-ou-la-laureate-cette-annee-9938897
Résumé
Un matin de décembre, Gyeongha reçoit un message de son amie Inseon. Celle-ci lui annonce qu’elle est hospitalisée à Séoul et lui demande de la rejoindre sans attendre. Les deux femmes ne se sont pas vues depuis plus d’un an, lorsqu’elles avaient passé quelques jours ensembles sur l’île de Jeju. Hospitalisée, elle demande à Gyeongha de se rendre à Jeju pour sauver Ama, son perroquet resté seul. Inseon la rejoint et lui fait découvrir les terribles archives et témoignages, patiemment rassemblés du drame vécu dans cet endroit.
Ile de Jeju en Corée du sud in https://www.souslecieldecoree.fr/patrimoine-mondial-coree-sud-ile-de-jeju/
Mon avis
C’est étrange, la neige page 97
Impossibles adieux dans lequel le personnage principal est la neige est à la fois très poétique, onirique et très oppressant. Le lecteur est rapidement plongé dans le froid, les tempêtes, le blizzard, la guerre dans ce qu’elle a de plus horrible. Impossibles adieux réussit le difficile exploit d’être aussi sublime que glaçant. S'appuyant sur des témoignages, Han Kang décrit de façon abrupte les atrocités, la douleur des victimes. Je me suis perdue dans les ellipses de la première moitié du livre dans laquelle on se demande où l’auteure veut en venir avec des passages oniriques assez incompréhensibles. Dans la deuxième moitié, on comprend mieux et on apprend (ou en tout cas j'ai appris !) l’horreur de cette guerre de Corée. La troisième partie, comme une résilience, est touchante et poétique.
J’aime beaucoup l’écriture de Han Kang (et sa traduction), l’histoire entre les deux amies sur fond de guerre de Corée et l'indispensable devoir de mémoire.
C’est un livre d’une très belle écriture, un peu difficile à lire qui laisse indéniablement des traces.
Extraits
Mais le vent recommence à souffler et les flocons s’envolent dans un tourbillon, comme pris dans une gigantesque machine à pop-corn. Comme si la neige n’était pas descendue du ciel mais naissait de la terre pour monter, aspirée par le vide. page 62
Les flocons demeurent légers de fait des espaces vides entre les combinaisons de branches de cristaux. Ces espaces vides piègent les sons, les y enferment de sorte que la neige impose son silence à l’environnement. Quant aux branches, elles réfléchissent la lumière dans toutes les directions donnait à la neige sa couleur blanche. Page 96
Mes dents continuent de s’entrechoquer douloureusement, j’essaye de mordre la manche de mon manteau pour stopper mes tremblements quand une pensée surgit. L’eau ne disparaît jamais, elle circule. Dans ce cas, il n’est pas impossible que les flocons qu’Inseon a reçus dans son enfance soient ceux qui tombent à présent sur mon visage. Dans le même flux, me viennent à l’esprit les visages des morts que la mère d’Inseon avait vus, je relâche alors mes bras autour de mes genoux. J’enlève la neige sur mon nez et mes paupières. Il n’est pas impossible que la neige sur leur visage soit la même que celle qui se trouve à présent sur ma main. Page 128
Ce n’est pas une suite de hasard si trente mille personnes ont été massacrées sur cette île cet hiver-là, et deux cent mille sur le continent l’été suivant. Il y avait un ordre du gouvernement américain, il fallait empêcher le communisme de gagner du terrain, fût-ce en assassinant trente mille habitants de l’île ; les jeunes extrémistes de droite issus du nord, pleins de certitudes et de rancunes, sont arrivées sur l’ile…page 322
En cours de lecture …
Trois femmes puissantes, de Marie NDiaye (2009)
Editions Gallimard
Prix Goncourt 2009